Par Michel Boisvert, président d’IPSO Technologies

De nos jours, on parle beaucoup d’austérité et de rationalisation, c’est pourquoi il est rafraîchissant de savoir que 1,3 milliard de dollars est disponible annuellement aux PME manufacturières du Québec. Aucun formulaire à remplir, aucune banque à contacter. Ces milliards dorment dans les coffres des PME et attendent qu’on les libère!

Dans mon dernier article, Ces coûts d’opération invisibles, je faisais part du désarroi d’un entrepreneur qui gaspillait à chaque année plus de 75 000$ en dépenses administratives inutiles à cause de son système informatique déficient. Cet entrepreneur ne fait pas exception, il représente bien la moyenne des entrepreneurs du Québec qui utilisent encore des systèmes rétros pour gérer leur entreprise.

Au Québec, on compte plus de 20 000 entreprises manufacturières dont 8 350 ont plus de 5 employés. Selon le laboratoire de recherche sur la performance des entreprises de l’UQTR, en 2007 à peine 7,8% des entreprises utilisaient un véritable ERP pour leur gestion. Et encore aujourd’hui, nos études de marché nous indiquent que, bien que pratiquement toutes les entreprises utilisent l’informatique dans l’administration, à peine 10% des entreprises possèdent un véritable ERP pour la gestion des activités quotidiennes.

On arrive donc à la conclusion que si au Québec environ 18 000 entreprises manufacturières utilisent un système rétro pour leur gestion, système qui leur coûterait de façon conservatrice quelque 75 000$ en moyenne de dépenses supplémentaires, il se gaspille donc annuellement environ 1,3 milliard de dollars.

Et ce, en considérant que ce montant est conservateur, parce que les pertes peuvent être encore plus grandes… Bien sûr, ce ne sont pas toutes les entreprises qui pourraient économiser 75 000$ avec un ERP, mais d’un autre côté, une foule d’entreprises économiseraient beaucoup plus que 75 000$.

Selon nos estimés, c’est beaucoup plus que 1,3 milliard qui se gaspille chaque année, parce que les entreprises tardent à intégrer les technologies dans leur gestion. Et cela constitue un boulet qui rend nos entreprises de moins en moins performantes, tant sur le plan local que mondial.

Plusieurs entrepreneurs attendent des subventions pour implanter de nouvelles technologies par manque de moyens, alors que c’est justement leur façon de faire actuelle qui leur coûte très cher. Implanter un système ERP rapporte beaucoup à une entreprise, c’est l’absence de système intégré qui coûte cher.

Au moment où le secteur manufacturier perd des parts de terrain face à des concurrents lointains et réclame de l’aide gouvernementale, il est impératif que les entrepreneurs récupèrent ces milliards qui dorment et utilisent les technologies de gestion actuelles pour propulser leur entreprise et améliorer leur marge et leur compétitivité.